BIEN QUE LA TRADITION SOIT EN PERDITION, ON TUE ENCORE LE COCHON DANS LES FERMES ICI ET LÀ SUR NOS CAUSSES...
A Ste Enimie aujourd’hui, on charcute le cochon acheté, déjà tué…Il y a quelques années, notre ami, Marcel Domeizel avait ce rôle du « tuaire ou saignaire » (tueur ou saigneur) de cochon .Durant la pleine période qui s’étendait de décembre en mars, il était demandé dans un rayon de 20 kilomètres …Ce n’était pas un métier facile !
… Tout d’abord, il faut faire sortir la bête qui grogne à la mort, lui lier les pieds et la coucher sur le «billard». « Dans le temps, on prenait les chaises de l'église pour faire le banc. » Marcel trouait la gorge du cochon qui se vidait immédiatement de son sang en laissant échapper quelques râles. Aussitôt, une femme le récupérait dans une bassine pour en faire la sanquette et le boudin. La manche retroussée jusqu'au coude, elle remuait énergiquement le liquide rouge et mousseux pour éviter qu'il ne caille on y ajoutait un peu de vinaigre ou de lait…. Sur la table, deux plats garnis de persil, pain, ail, œufs attendent la sanquette !
Quand la bête était morte, on la pesait, « c'est plus facile. » …
… On faisait bouillir de l’eau à gros bouillons dans un chaudron suspendu au-dessus du feu de cheminée ! Elle était indispensable à la toilette du cochon qui venait d’être tué et ne tardait pas à virer au noir sous l'effet du chalumeau. Les anciens l'ébouillantaient et récupéraient les poils pour faire des pinceaux ; on grattait la couenne avec un couteau-rasoir. De noir, le porc passait progressivement au blanc. On l'aspergeait à grand seaux d'eau bouillante pour enlever les résidus de soies.
Voici venu le temps du dépeçage. Les pieds et la tête enlevés, la bête était fendue par le ventre. Une légère vapeur s'échappait de ses chairs portées à l'air libre. Tour à tour, les hommes extraient le foie, les poumons, l’estomac, le filet mignon, l'échine, l'épaule, le carré de côtes, les jambons et les jarrets, la crépine et le gras du ventre…
Étalée sur un drap, dans une pièce froide, la viande sera transformée le lendemain. On prenait les boyaux de la bête qu’on allait laver à la rivière .Ils servaient à préparer la saucisse et le saucisson. .Maintenant, Les femmes on met les boyaux achetés tout prêts à tremper dans de l'eau chaude. Le soir même, on mange du boudin et la soupe préparée avec la gorge du cochon. Le lendemain, il faut badigeonner les jambons avec un mélange de poivre, sel, eau de vie et ail, après on les met au sel (après, il finira de sécher dans la cheminée sur le causse), préparer les pâtés, les jambonneaux, la saucisse, le saucisson, les saquettes, la ventrêche roulée puis les fritons.
Voilà de quoi alimenter quelques petits déjeuners. « Dans les campagnes, la saucisse et le pâté remplacent le bol de lait. » On offrait un plat de boudin, un peu de filet et un peu de gras frais au curé, à l’instituteur, au facteur, à ses voisins…
Un temps sec et froid est idéal pour les cochonnailles. « Il faut qu'il fasse frais et qu'il n'y ait pas le vent du midi sinon la viande ne sèche pas. Il y en a beaucoup aussi qui veulent tuer le cochon avec la lune vieille, toujours pour les mêmes raisons ».
Jadis, tuer le cochon prenait des allures de fête. Famille, voisins et amis venaient donner un coup de main, du matin jusqu'à la tombée de la nuit. On travaillait. On mangeait. On bavardait et on débouchait quelques bouteilles dans la joie et la bonne humeur. De nos jours, cela se fait de moins en moins et en comité plus restreint, faute de main-d’œuvre. Il faut bien le constater : « Le cochon, il y a plus de monde pour le manger que pour le tuer »
« Tuer le cochon, ça plaît ou ça ne plaît pas. En tout cas, il faut le faire avec goût. Dans 4 ou 5 ans, il ne s'en tuera pas autant. Tant qu'il y a quelques pépés et mémés dans les maisons pour le préparer, ça va. Mais après, ça va se perdre » nous dit Georges ancien agriculteur du Sauveterre…
17 janvier : c'est le jour de la Saint- Antoine, le patron des bouchers et des charcutiers.